Depuis trente ans, « la crise » - des repères, de la transmission, des identités, de la raison ; bref du lien social - est devenue un discours lancinant, dépourvu d'effets sur l'évolution de la société. Les remèdes anti-crise proposés ne sont pas satisfaisants. Le retour à l'âge d'or de la République est impossible : les individus d'aujourd'hui refusent d'être traités seulement comme des citoyens uniformes. L' « universalisme abstrait » est mort. Mais il ne peut être remplacé par le « communautarisme » qui condamne les individus à rester dans leur groupe, leur communauté d'origine, s'opposant ainsi à leur liberté de s'affilier et de se désaffilier. Il est temps de dessiner un nouvel idéal du lien social, combinant la liberté de chacun et le respect mutuel, reposant sur une autre forme de civilité. Un « nous » qui sache respecter les « je » dans leur liberté et dans leur identité complexe. Un lien qui sache unir, sans trop serrer. C'est l'ambition de ce livre, écrit par François de Singly. Directeur du Centre de recherches sur les liens sociaux (CNRS-Université de Paris V), François de Singly, professeur de sociologie, a publié notamment Libres ensemble (2000), Le soi, le couple et la famille (1996), Fortune et infortune de la femme mariée (1987).
Avant-propos : La chèvre de Monsieur Seguin. La crise de la transmission. Comment lier ensemble des individus émancipés ? La crise de la stabilité. Comment lier ensemble des individus dont l'identité est fluide ? La crise des normes. Comment lier ensemble des individus peu obéissants ? La crise de la raison. Comment lier des individus qui veulent préserver leur intérêt et leur affect ?