Douleur, plaisir, fatigue, essoufflement... la mise en jeu du corps à l'effort stimule chez l'athlète une riche palette de sensibilités. Prendre ces dernières en compte dans la pratique de la course à pied semble aujourd'hui aller de soi, que ce soit dans la recherche de performance, de bien-être, ou encore d'une meilleure connaissance de soi. En est-il de même pour les athlètes français au début du xxe siècle¿? Que ressentent par exemple les champions Jean Bouin, Joseph Guillemot, ou Jules Ladoumègue lorsqu'ils s'entraînent¿? Quels sens donnent-ils aux émotions athlétiques¿? Comment expriment-ils leurs affects en course¿? Pour y répondre, nous suivrons dans cet ouvrage les tribulations de l'athlète français, dans l'intimité d'une société sportive, dans l'effervescence d'un stade en compétition, sous le feu ennemi lors de la Grande Guerre. Esquisser une histoire des sensibilités à l'effort en course à pied permet de mettre au jour un aspect encore mal connu, mais néanmoins essentiel, de la culture athlétique.